Elle & un peu de lui

Narratrice : Elle


Les mots sont là.
Bloqués.
Enfermés.
Emprisonnés.
Ecroués.
Gelés.

Peu à peu, ils s'effacent, perdent de leur substance et de leur sens.
Ils disparaissent.

Les mots ne sont plus là.
Seul reste le souvenir.
Une impression.
Une empreinte.
Une ombre.

Parfois une sensation,
Un sentiment confus,
Un vague à l'âme,
Une nostalgie.
Mais de quoi ?

Par hasard,
Dans un recoin, une image.
Persistante, constante.

...

Des larmes ??
Pourquoi ?  

Narratrice : Elle



Je ne sais pas comment vous le dire...
Ce n'est pas facile, je n'arrive toujours pas à l'admettre.
Mais Lui est parti.
Définitivement.
A 31 ans...

Je ne sais plus ou j'en suis, j'ai besoin de faire un point.
...

Mais je devais quand même passer pour vous dire que j'arrête momentanément ce blog.
Je reviendrais  peut être, je ne sais pas.

Et j'aimerai vous remercier d'avoir suivi mes périgrénations jusque là.

                                                                                                   Elle...

Narratrice : Elle


Pourquoi ???


Oh non, c'est pas vrai !
Mais qu'est ce qui lui est passé par la tête ?
Qu'est ce qui lui a pris ?

Pourquoi ?
Pourquoi il m'a fait ça ?
Je ne comprends pas !

Oh putain ...
Je n'arrive pas à le croire...

Et Lui...
Il avait l'air d'aller bien la dernière fois.
Peut être un léger blues...
Mais rien d'extraordinaire,
Enfin jamais je n'aurais pensé que...

Mais merde pourquoi il ne m'a rien dit ce con ?
Pourquoi il ne m'en a pas parlé.

Et moi ?
Je... Je ne représentais donc rien pour Lui ?
Pourquoi il ne m'a pas...
Il aurait pu, il aurait du...

Oh putain...
Je n'arrive pas à y croire...

Ce n'est pas vrai !
Dites moi que ce n'est pas vrai !!!!

MERDE !!!
Pourquoi Lui ?
Pourquoi Il m'a fait ça ?

Pourquoi ?

Narrateur : Lui



Et merde...
Pourquoi ?
...

J'en rirais.
Si ce n'était pas pathétique.

Sans raison aucune.
Si ce n'est une pensée qui emprunte un chemin de traverse.

C'est facile de se mentir.
D'éluder la question.
De faire comme si.

Ce n'était pas des autres dont tu aurais du te protéger.
Mais de toi...

Narrateur : Lui


Je me répète, je le sais bien...
Mais je suis entrain de partir en vrille.

Le mal qui me ronge n'est pas une excuse.
Je déconne.

Il faut que je me calme.
Peut être aller voir un psy, je ne sais pas ?

Je n'ai pas le droit de me comporter de la sorte.
La douleur des autres ne m'apportera rien.

Je dérape de plus en plus,
Et je m'en souviens de moins en moins.

Il y a de la haine en moi.
De la rage, de l'amertume, de la colère, de la tristesse.

C'est trop facile de me laisser submerger.
De n'être que le spectateur.

Black out de ma conscience et rêve de chaos.
Voilà à quoi ressemble une partie de ma vie.

Il faut que je me calme, que je me retrouve.
Je dois me reprendre...

Avant que je ne succombe  

Narrateur : Lui


Je m'en veux... et je lui en veux...

Je laisse mon esprit se perdre dans ces marécages habituels.
Elle le retrouve.

Je dresse une barrière au moindre prétexte.
Elle l'abaisse.

Je pars en vrille.
Elle me retient.

Je me repose sur Elle.
Elle me soutient.

Je m'en veux d'être aussi faible.
Et je lui en veux d'être aussi forte.

J'ai peur.
Peur de me retrouver sans Elle.
Peur de ne plus savoir me défendre sans Elle.
Peur de ce qu'Elle est devenue pour moi.
Peur d'être indigne d'Elle.
Peur qu'Elle s'en aperçoive.

Avant je n'étais pas ainsi.
Je n'avais besoin que de moi.
Je ne pensais qu'à moi.
Je me supportais tout seul.
Je m'y étais habitué.

Mais maintenant...
J'ai peur...


De me retrouver seul.

Narratrice : Elle


Que sont devenus tes rêves ?

Pourquoi pleures-tu ?

Quel est ce pessimisme ?

De quoi as tu peur ?

Quel est ce mal être dans lequel tu t'enfermes ?

Oui, je ne comprends pas!

Oui, je ne pourrais jamais être toi !

Et non, je refuse de te laisser ainsi...

Explique moi ...

Raconte moi ...

Parle moi...

Ne reste pas là

Pas toute seul

Je serais là, je te le promets...

Narratrice : Elle


Mais c'est quoi cette pouffe.
Cette espèce de blondasse décolorée, anorexique et mal tirée.

Elle a un balais dans le cul ou quoi ?  Quoique cela lui permet peut être de se tenir droite ?

J'ai rencontré un certain nombre d'abrutis dans ma carrière mais jamais de ce calibre !

Sincèrement j'hallucine !
Si on m'avait dit que la remplaçante de Machin serait pire que lui, je vous aurais dit que cela était totalement impossible.
Mais si c'est possible...

Elle est conne, il y a pas d'autres mots.

Machin malgré son incompétence notoire et ses blagues vaseuses n'a jamais essayé de m'apprendre mon métier.
Mais là, cette garce qui occupe le poste de Machin depuis à peine trois semaines, a eu le culot de se plaindre au boss, sur ma façon de bosser...

Il l'a envoyé boulé et heureusement d'ailleurs. Dans le cas contraire, je lui aurais collé ma dém dans l'heure qui suivait.

Elle se prend pour qui cette grognasse...

Je ne vous parlerai pas des propositions qu'elle a émise... C'est n'importe quoi... Elle est dangereuse ! Et le pire c'est qu'elle refuse de m'écouter, elle est persuadée d'avoir raison.

Soit, j'ai compris, je ne lui dit plus rien, je couvre mes arrières et j'attends qu'elle se plante.

Et pour ça, je n'aurais même pas besoin de lui savonner la planche...

Juste la laisser faire.

En espérant que les dégâts ne soient pas trop méchants car qui ramera pour récupérer sa merde ?

Bibi..

Fait chier !

Connasse...

Narratrice : Elle

            Ah les joies du lavomatic, un de ces quatre, il faudra que je songe à m’acheter une machine à laver. Cela commence à me prendre la tête, d’être obligée toutes les semaines de perdre une heure là dedans.

            Problème je ne saurais pas du tout où la mettre. Pas des masses de place chez moi. J’aime bien mon appart, je l’adore à vrai dire mais vivre et bosser à Paris, cela a un prix. J’hallucine quand je compare le prix des locations entre Paname et la province. Vivre en banlieue, cela n’est même pas imaginable. Prendre le métro, cela me tape déjà sur le système alors le RER et ces grèves, je n’en parle même pas. Enfin bon, passons… Je ne vais pas grogner sur la taille de mon chez moi. J’ai fait un choix donc ma petite Elle, tu prends sur toi, et tu arrêtes de râler après tout et n’importe quoi.

            N’empêches perdre mon temps dans un lieu aussi conviviale qu’un lavomatic, cela me défrise. Et avec les horaires à la con que j’ai eu ces derniers jours, j’ai deux semaines de fringues… Obligée de me promener avec un sac de sports taille maxi et super lourd de surcroît alors qu’il fait nuit, froid et qu’il flotte, je suis ravie.

            Ca me gonfle, et si il y a bien une chose dont je suis sure, c’est que ce n’est pas là bas que je découvrirai le prince charmant. Le mec de la pub qui se désape pour laver son jeans, vous savez celui qui est super bien foutu. Pour l’instant, je ne l’ai jamais croisé… Ou alors je ne vais pas dans le bon endroit.

            Et en attendant que ma machine se termine, je suis là assise dans un troquet, en sirotant un chocolat chaud, tout en me faisant dévisagée par deux - trois piliers de comptoirs. Pas aujourd’hui, je ne suis pas d’humeur, si un seul d’entre eux oser ne serait que m’approcher ou m’adresser la parole, je le tue. Rien que l’idée de penser au repassage qui m’attend en rentrant, cela me met de mauvais poil…

            Quoi j’ai un caractère de chien, aujourd’hui ! Mais non… Et cet abruti de Lui, il ne pourrait pas avoir une machine… Comme ça je dépose mes affaires sales le matin chez lui, et je les récupérerai propres le lendemain en revenant du boulot. Pffffffffffff, les mecs on ne peut jamais compter sur eux… Désespérant…

            Allez il me reste encore 10 minutes à supporter leur regard avinés et je retourne me les geler dans ce *ù$^ de lavomatic

Narrateur : Lui

Pensées qui s'entrechoquent

Je reste là allongé sur le lit

Prisonnier

Sommeil qui refuse de venir

Les mains derrière la tête

Immobile

Interrogations qui me minent

Je fixe le plafond

Déprimé

Repères qui disparaissent

Les yeux rivés à un point imaginaire

Perdu

Et cette nuit qui n'en finit pas

Le temps s'écoule lentement

Seul